Η χάρις του Βυζαντινού κίονος

Part of : Δελτίον της Χριστιανικής Αρχαιολογικής Εταιρείας ; Vol.22, 1966, pages 103-115

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103-115
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La grâce de la colonne byzantine
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A l'intérieur des églises byzantines, l'architecture présente cetteparticularité que ses éléments portés paraissent prédominer sur lesporteurs. Les colonnes, par rapport aux arcs et aux voûtes qu'ils supportent, ont un fût d'apparence grêle. Ce fait pose le problème del'esthétique de la colonne byzantine. Demus, exagérant l'impressionque donne de l'intérieur l'église byzantine à voûtes principalement,a dit que son architecture ressemble à une « architecture suspendue »et que, par comparaison avec la gothique, elle est « inorganique ». Maiscela signifierait que l'église est comme une caverne de stalactites et quela colonne ne participe pas à l'ordonnance de la construction. Je penseau contraire que la grâce de la colonne byzantine dépend précisémentde la périlleuse tentative qu'elle paraît réaliser, légère comme elle est,en soutenant manifestement des poids supérieurs et en l'accomplissantavec aisance. Que la réalité esthétique soit telle, la comparaison entreles anciennes et les nouvelles colonnes des arcades de Saint-Démétriusde Thessalonique, après restauration, le prouve. Parce que les colonnesnouvelles n'ont pas réussi à imiter absolument les anciennes, au pointde garder la finesse et le galbe de leur fût, avec des différences dequelques centimètres, elles paraissent lourdes et inélégantes ; bien queplus épaisses, elles ne montrent pas qu'elles résistent mieux que lesanciennes.Le rapport de charge et d'appui paraît mieux équilibré que partoutailleurs dans l'architecture classique, qui suit le système de linteau surcolonnes et où colonnes et linteau sont homogènes, c'est-à-dire de mêmematériau. D'autre part, les formes des colonnes sont « tectoniques »( architectures ) et non plus purement « phytomorphiques », commedans l'architecture égyptienne. Cela signifie que les colonnes sontconsidérées franchement comme supports. Et cependant, de même quela colonne égyptienne tend à se développer en liberté, débarrassée dujoug de l'architrave, et y parvient lorsqu'elle acquiert un chapiteau enforme de cloche inversée, parce qu'elle semble avoir une terminaison libre, de même la colonne grecque. C'est pourquoi nous avons troistypes de conformation pour la colonne grecque, selon les styles dorique,ionique et corinthien. Parmi eux, le corinthien parait davantage libérédu déterminisme architectural ; la colonne s'élance vers le haut de tellemanière que, si on lui enlève l'architrave, elle restera comme unestèle indépendante à terminaison libre.Dans l'architecture byzantine l'architrave est remplacé par desarcs construits en briques cuites, tandis que les colonnes continuent àêtre en marbre de manière à être monolithiques et de forte résistance.Cette hétérogénéité du matériau crée une différence d'épaisseur dans lesarcs portés qui exigent une surface d'assise supérieure à celle qu'offrel'abaque de la colonne grêle. Du moment que l'on ne gonfle pas lacolonne, il en résulte la nécessité de Yimposte. L'imposte est un élémentintermédiaire entre le chapiteau et les arcs qui prend forme deporte-à-faux.Morphologiquement le chapiteau devient ainsi à deux étages etvolumineux par rapport au fût de la colonne. Les arcs paraissents'appuyer sur des porte-à-faux et les portés dépasser les porteurs. Maisl'impression de poids diminue du fait que dans le système de voûtesbyzantin l'on cultive l'esthétique de la surface, car les voûtes se coupentmutuellement sans nervures, à arêtes incorporelles. Cela est facilité parla consistance presque monolithique du matériau et par la légèreté deconstruction des voûtes. Il y a également la contribution du principede dématérialisation qui efface la troisième dimension, et le principe depercée qui voile les chapiteaux sous une forme de dentelle exécutée autrépan. En termes plus généraux, dans l'architecture byzantine, s'atténuele principe de différenciation des membres par des saillies et autreséléments intermédiaires, qui règne dans la morphologie classique.L'imposte, en tant qu'intermédiaire entre arcs et chapiteau, estambigu dans la mesure où il appartient aux arcs ou au chapiteau, desorte que le chapiteau parait à double étage. Mais, du moment quel'abaque est carré, tandis que l'imposte est un porte-à-faux de surfacerectangulaire avec son grand axe transversal à la grand nef, l'impostea l'air de se tourner pour soutenir les arcs dont les faces forment sailliehors du champ des chapiteaux. Ainsi le couronnement de la colonneparait libéré de son déterminisme constructif et acquiert une terminaison libre. Cela est particulièrement sensible dans le chapiteau en coupde vent.Pour paraître plus légers, les arcs sont surhaussés, tandis que leurscourbes s'élancent à partir de l'imposte et créent une architecture d'arcs dynamique. Cependant, lorsque l'élévation des arcs, du tympande la coupole, des colonnes et de tout l'édifice prend un caractère deverticalisme, alors l'architecture byzantine perd sa grâce et son équilibresemble dû à une dextérité acrobatique.La prédominance des éléments portés sur les porteurs qui estobservée par l'architecture byzantine lui permet d'adopter telles quellesles anciennes colonnes grecques sous les arcs, en liaison avec l'impostequi élargit en porte-à-faux carré l'abaque du chapiteau. Parfois cetteprédominance permet, dans les basiliques paléochrétiennes, comme àSaint-Démétrius de Thessalonique, d'avoir pour chaque colonne unchapiteau différent, comparable à une fleur unique. De toute façon lesfûts minces des colonnes byzantines témoignent d'une intention plusprofonde des Byzantins : celle de donner l'impression qu'ils soulèventle firmament du ciel artificiel comme s'ils le tenaient sur les doigts,tellement il parait léger. Ainsi pénètre une touche de grâce dans lasublimité d'expression de l'architecture byzantine.
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