Το σύγχρονο νόημα της τραγωδίας

Part of : Χρονικά αισθητικής : ετήσιον δελτίον της Ελληνικής Εταιρείας Αισθητικής ; Vol.Β, No.1, 1963, pages 103-118

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Pages:
103-118
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Le sens moderne de la tragédie
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Le sujet de la présente communication est le sens de la tragédie, non le tragique en tant que catégorie esthétique. Mais la première question qui se pose c’est en quoi consiste l’essence de la tragédie. Aristote, dans sa définition fameuse, parle du but de la tragédie ; il ne nous dit pas en quoi consiste l’économie secrète qui fait que les choses prennent, en un moment donné, le cours tragique. Il ne nous dit pas également quel est le pouvoir qui règne sur le monde tragique. Est - ce que le concept du Destin donne une réponse satisfaisante à notre question? Le Destin antique présente une particularité caractéristique, qui n’a pas été suffisament remarquée : Il n’est jamais personnifié et il n’intervient jamais dans le drame d’une façon immédiate, comme le deus ex machina par exemple. Le concept de la démesure par ailleurs, introduit au monde tragique un élément moral, qui trouble pour un moment la majesté sauvage, primitive de la tragédie. Eschyle, dans les « Eumenides » notamment, rétablit l’équilibre en introduisant une grandeur proprement humaine. Dans le théâtre élisabethain d’autre part le pouvoir suprême de l’univers tragique ne semble pas étranger à l’ordre moral, tout en lui restant distinct ( A. C. Bradley ). Allardyce Nicoll fait la remarque pertinente que seul «Roméo et Juliette» est habité par un pouvoir analogue au Destin antique. Dans les tragédies de la maturité shakespearienne le mystère a gagné en profondeur ; le mal se présente désormais comme engendré par les personnages. L’homme ne semble plus plié sous le faix d’une condamnation extérieure. Il la contient. Dans le monde moderne, l’énigme a une allure encore plus profonde. Pour nous, le monde tragique n’est pas l’univers du cogito ou du volo ergo sum. C’est l’univers du doleo ergo sum. La douleur affirme l’existence humaine et l’impose comme réalité. Ainsi, la solitude tragique s’identifie à la grandeur humaine. C’est la raison pour laquelle nous ne trouverons pas le sentiment tragique proprement dit, le sentiment désespéré, chez Claudel, Eliot, Lorca, Ugo Betti ou Bertold Brecht. Nous le trouverons plutôt dans la pièce de Beckett « En attendant Godot ». Là, les deux personnages principaux sont par définition des épaves: pour la seule raison qu’ils existent. Ce qui nous est suggéré au delà de leur solitude stellaire ce n’est pas une présence ; c’est une absence. Impression analogue dans les « Chaises » de Ionesco. Cela ne veut pas dire que dans ces deux pièces nous avons des spécimens du genre tragique. Elles ne contiennent que des éléments de tragédie, d’une tragédie d’ailleurs sans dignité et sans libération morale. C’est un univers clownesque ; l’univers de la dérision suprême. La seule justification du sentiment tragique moderne, son élément actif, c’est la révolte : La rébellion de l’homme, révolté métaphysique, qui n’accepte plus ni la pose de la majesté tragique ni la livrée de serviteur d’un pouvoir transcendant.
Subject:
Subject (LC):
Keywords:
δραματουργία